1983

Pour la dixième année consécutive, l’Automobile Club de l’Ouest organisait les 2 et 3 juillet 83 les 24 Heures du Mans

En revenant à la date d’origine soit 2 semaines après les 24h autos, les responsables de l’ACO souhaitait un nouvel attrait à cette épreuve cyclo qui entame sa 10ème édition consécutive.

 

Cette compétition avait lieu sur la piste de la Maison Blanche (circuit de 1,2 km situé derrière la piste Honda du Bugatti et qui reçoit chaque année les championnats du monde de karting). C'est dire combien l'infrastructure était impeccable et fidèle à l'esprit de qualité inhérent à l'ACO. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que cette épreuve traditionnelle se déroule dans d'excellentes conditions.

Ch Ménager sur la motobécane n°9 vainqueur avec Stéphane Guilmet de ces 24h du Mans 1983
Ch Ménager sur la motobécane n°9 vainqueur avec Stéphane Guilmet de ces 24h du Mans 1983

Présentation

Cependant plus que jamais l’affrontement des marques se confirme. Suite au retrait du triple vainqueur de ces 24h, Honda qui sera néanmoins représenté par 3 machines. Estève-Fournier terminant second l’an dernier et de l’isolement de la marque Tchèque Puch qui ne pourra compter que sur une machine, la contestation des 2 grands Peugeot et Motobécane n’interviendra que par le biais de Cycmo.

 

Pour leur première apparition sur le circuit de karting de l’ACO Maison Blanche les modèles présentés par Jack Lallement ne sont pas passés inaperçus. D’abord avec leur carénage , les Cycmos ont plutôt des apparences des « tasses » du continental circus. Et puis n’arrivent-elles pas sur ce prestigieux événement avec une carte de visite mieux fournie en victoire, sur des épreuves il est vrai beaucoup plus courtes. Quoiqu’il en soit pour l’intérêt de la course on ne peut que se féliciter de cette inscription du 3ème constructeur Français de cyclo. Un marché français du 50cc qui est un de plus prospère dans l’héxagone. Ceci pouvant expliquer cela. Quant aux autres , Peugeot et Motobécane manifestent un très fort penchant pour l’épreuve mancelle. Celle-ci se révélant un merveilleux banc d’essai, mais surtout en cas de victoire, un excellent support publicitaire.

 

L’ayant parfaitement compris les 2 usines depuis maintenant deux ans n’hésitent plus par l’intermédiaire de leurs concessionnaires à soutenir directement ou indirectement les équipages. Malheureusement dans ce contexte économique où la course à l’armement fait que les « sans grades » ont de plus en plus de mal à se faire une petite place sur la grille de départ ! Au point de délaisser la catégorie reine des protos pour celle des séries.

 

Comment s’étonner donc que la représentation soit à dominante Peugeot et Motobécane. Les  2 marques ayant poussé le vice jusqu’à se trouver en nombre identique avant les essais. 23 gr 2 et 1 gr 1 pour Motobécane et 18 gr2 et 6 gr 1 pour Peugeot soit 48 machines sur 57 équipages engagés.

 

Record dans l’air

 

Cependant à la lecture des résultats des essais Motobécane avec 9 cyclos dans les 10 premiers parait avoir engagé une épreuve de force dont la firme sochalienne ne semble pas en mesure de se démarquer. Et comble d’infortune Peugeot a même été obligé de laisser l’exclusivité du groupe 1 aux Cycmo les nouvelles venues.

 

Dans la lutte que ne vont pas manquer de se livrer les 10 machines de tête Février-Steenbakkers sur la Motobécane n°24 (pole position en 1’05’’8), Guilmet-Ménager sur la n°9 et Bonamy-Rottier sur la n°10 du team Métayer Loisirs ne devraient pas être bien loin de la plus haute marche à une moyenne qui pourrait fort bien dépasser les 60km/h .

  

Les forces en présence : les cyclos les plus significatifs

Motobècane Team Métayer n°9 : Vainqueur avec Guilmet S. Ménager C. : partie-cycle de 5I Super Blue. kit AV10, pontet de fourche en aluminium. A part cette modification la machine est standard et soigneusement préparée.

 

Peugeot n°11 Team ALPG. Magnifique 103 Peugeot préparé par Lepape et Gaudron. Une finition Impeccable. Seules différences avec un origine : un pot de détente très efficace, un carburateur de 19. Un cylindre 5 transferts. De nombreuses heures de travail.

Motobècane Team Didier Thomas n°23 : Avec Nouzille E et Charpentier P sur M16 Wrangler jeans. Kit AV 10, double disque hydraulique. Une chute les contraint à l'abandon (cadre fêlé : le cadre faisant office de réservoir, d’où danger de continuer.

 

Peugeot n°4 Pelletier. Actuellement classée 1er variateur au championnat de Paris, cette machine de la concession Orléannaise familiale faisait figure de sérieux outsider. Un décompresseur baladeur mit fin à leurs espérances.

 

Honda : Bougent A., le seul cyclo japonais encore présent au Mans, sponsorisé par Allines Motos (Honda Le Mans). Technique : carburateur Tilstson de 19, suspensions bloquées, embrayage et variateur à bain d’huile. Une machine très originale.

 

Cycmo : engagées par l'usine et par un concessionnaire de Limoges, ces trois machines finissent aux trois premières places de leur catégorie. Elles sont du même modèle, excepté les pneus, que celui présenté dans le commerce, le Racing GTX. Elles disposent du carénage et d'un équipement très complet. Le moteur est d'origine italienne et provient des ateliers Morini.

Motobécane comptait beaucoup dans ses rangs du modèle spécial sorti en 1982 pour l'occasion dénommé 51 le Mans, une véritable base de cyclo de compétition.

Les essais

 

Le vendredi après-midi, les concurrents, au nombre de 52 inscrits officiellement, dont 12 équipages sur des cyclos de série. S’élancèrent pour gagner une place sur ta grille de départ Le niveau, cette année, était encore monté d’un cran. En effet, il fallait en 1982 tourner en 1’13 pour arracher sa qualification. Ce week-end. il s'avérait indispensable de descendre sous la barre des 1’10 pour être vraiment tranquille car seuls les 24 meilleurs temps, après addition des temps des premiers et deuxièmes pilotes, gagnent le droit de prendre le départ. A noter qu'Eddy Février sur Motobècane pulvérisait à cette occasion le record officiel du tour en 1’5 ‘’8 centièmes à plus de 63 km/h de moyenne. C'est finalement le grand favori, l'équipage régional Guilmet S et Ménager C qui emportait la pole position, suivi à plus d'une seconde par Vérité (surnommé le Kenny Roberts de la Maison Blanche) et Chéron Thierry. Le ton était donné.

Vérité - Chéron Th sur la n°26 second des essais devant la n°2 d'Eddy Février
Vérité - Chéron Th sur la n°26 second des essais devant la n°2 d'Eddy Février

Lors des repêchages du samedi matin, six équipages seulement furent retenus dont un équipage en catégorie de série. Sprelalenere se souviendra longtemps de la finale des repêchés. En tête largement, il dut renoncer la mort dans l'âme, à quelques tours de la fin car son carburateur avait pris la poudre d'escampette (il tournait en 1'07 aux qualifs).

1er Peugeot de ces 24h avec l'équipage n°41 Didier Edely et Alain  Choisnet avec une 5ème place au général
1er Peugeot de ces 24h avec l'équipage n°41 Didier Edely et Alain Choisnet avec une 5ème place au général

Samedi 15 h : départ

 

Les 23 engins du Groupe 2 et les 7 du Groupe 1 prirent le départ sous un ardent soleil et devant un public assez peu nombreux.

 

Dès le premier tour. Ménager Christian sur son Motobécane Super Blue mène le bal, bien décidé à ne pas quitter la tête jusqu'à son premier relais et pourquoi pas jusqu'à l'arrivée. II est vrai également que les deux pilotes du concessionnaire local Métayer Loisirs connaissent parfaitement ce circuit.

 

Le second. Vérité Patrick toujours sur Motobécane est néanmoins dans le même tour après une heure. Pendant ce temps-là, dans les stands, les mécanos s'affairent sur la machine de l'équipage dijonnais des frères Petit. Après bien des changements de pièces, il fallut se rendre à l'évidence : le vilebrequin est HS. Le sort avait frappé d'entrée cet équipage, fidèle habitué des courses 50 cm (bien placé au championnat du MCIF). Le règlement, à l’image des grandes courses interdisant tout démontage, c'est le premier abandon officiel enregistré durant ces 24 Heures. Une Motobécane de moins, il en reste encore 16.

 

La firme de Pantin actuellement dans les mains d'un syndic, était extraordinairement représentée 17 au départ contre 9 Peugeot, 3 Cycmo et 1 Honda Camino. Les courses de cyclos sont bien désormais l'apanage des marques françaises. Les produits français sont compétitifs.

 

Les positions à la 2ème heure sont bien établies. Le team Métayer toujours en tête, suivis par cinq autres Motobécane. Le premier Peugeot pointe son garde-boue en 7ème position. C’est la n°7 préparé par Lepape et Gaudron sur la base d'un 103 type chopper HP qui tournera comme une horloge jusqu’à l'aube quand, après avoir cassé une pipe d'admission et bien des courroies secondaires, puissance oblige ! Ils durent abandonner. En catégorie série, le Cycmo de Philippe Lallement, fils du PDG de Cycmo est en tête. Du côté d'Alés, patrie de la Cycmo, on aimerait bien réaliser un triplé, pour une première participation aux 24 Heures, cela serait de bon augure pour l'avenir.

Jack Lallemand un PDG heureux
Jack Lallemand un PDG heureux

A mi-course, quatre machines avaient abandonné et en tête la hiérarchie était toujours respectée 6 Motobécane avec toujours Ménager et Guilmet à l'avant-garde, trois Peugeot derrière, et surprise, une Cycmo classée 10ème au scratch et 1ère dans sa catégorie, montrait ainsi ses fantastiques capacités. Même pendant la nuit, et avec des éclairages relativement faibles (obligation de rouler en code et nombre d'optique limité à 1), la cadence ne ralentit pas.

 

Au matin, les positions ne varièrent que très peu ; tous les outsiders espéraient une casse des lièvres de Motobécane. mais l'hécatombe tant attendue ne vint pas. Si ce n'est l'abandon, puis la disqualification de l'équipage Maillard-Fourel du team Thomas de St-Malo qui laissèrent la 5ème place au premier Peugeot 103 piloté par Choisnet/Eydely.

 

Seules 17 machines franchirent la ligne d'arrivée sous les ovations des spectateurs. Ces 24 Heures cyclo, très bien organisée à l’image des autres grandes compétitions, ont prouvé qu’il était possible de vivre intensément une course de cyclomoteurs dans un esprit sportif remarquable et d'un niveau technique toujours grandissant. Souhaitons que les médias ne délaissent plus cette formule de promotion qui c'est certain, voit son avenir avec le plus beau des sourires. Quand on connaît le prix de revient de ce type de course, on comprend cet optimisme à l’aube de la création du premier championnat de France 50 cm3 à variateur.

 Quelques chiffres

 

Record 1981 : 55.037 km/h avec 1 101 tours.

 

Le premier série est classé 11ème c'est un Peugeot avec 1 007 tours.

 

Records 1982 : 58. 100 km/h soit 1 162 tours. Le premier série est classé 15ème avec 1 020 tours.

 

Records 1983 : année des records.

 

Ménager et Guilmet accomplissent 1 229 tours à la moyenne de 61.450 km/h.

 

Le premier série est classée 8ème au scratch et franchit la barre des 1 050 tours avec 1055 tours.

 

C'est un Cycmo construit depuis à peine 6 mois. Consommation : 70 litres pour 24 heures. C'est économique.

 

En parlant économique il suffit de voir ce qu'on peut faire avec un 103 de tous les jours juste sorti pour l'occasion. N'est ce pas Christophe Doucet.

Peugeot n°82 pilote Metayer Loisirs, Christophe Doucet qui abandonnera après 22h de course sur son Peugeot d'origine
Peugeot n°82 pilote Metayer Loisirs, Christophe Doucet qui abandonnera après 22h de course sur son Peugeot d'origine

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