Témoignages

Voici des témoignages recueillis d'aujourd'hui ou de 1989 de pilotes ayant pris part à cette édition.

Wilfried Defortescu

Pilote de la Mbk 51 cf n°2 Team DEFORTESCU

Agé de 18 ans lors de cette édition, qualifié pour sa 3ème participation, après les années 87 et 88 non qualifié sur un Peugeot 103 d'un autre temps.

Mes 24heures. C'est ma troisième participation à cette épreuve après 87 et 88, et ce sera malheureusement la dernière.

Cette année s'annonçait particulièrement intéressante. Nous avions enfin réussi à faire l'acquisition d'un MBK 51 CF flambant neuf pour cette saison 1989.

Ce rendez-vous était notre objectif principal de l'année (nous participions aussi à l'intégralité du championnat de France en groupe 2).

Nous souhaitions nous faire plaisir en nous inscrivant, et en essayant de nous qualifier à cette épreuve prestigieuse. J'en rêvais depuis quelques années. Mais il fallait avoir du super matériel. Et c'était le cas, enfin c'est ce que nous pensions à ce moment là. Car nous nous apercevrons plus tard que les pièces achetées auprès de Bidalot n'étaient pas la même selon qui vous étiez. Un simple pilote ou bien aidé par un gros concessionnaire. Par contre le prix des pièces était le même ???  Ainsi pour la même référence de cylindre chez Bidalot, vous ne receviez pas la même pièce. Et c'était 1 seconde au tour (vérifié juste en montant les 2 cylindres sans aucunes autres modifications et avec le même pilote au guidon).

Donc nous voilà embarqué dans cette aventure, le temps d'un week-end. Une aventure familiale car le Team sera composé de moi et de 2 de mes frères. Respectivement âgés de 18, 20 et 15 ans. Pour l'encadrement il y avait le reste de la famille (2 autres frères et ma mère).

Notre concessionnaire, les Ets PICOT sur le Havre qui était notre sponsor principal était venu spécialement sur cette course. C'était la première course cyclo à laquelle il assistait. Son aide nous permettait d'acheter toutes les pièces à prix coûtant, c'était une aide très appréciable. 

Installation et essais du vendredi

 

Une fois la tente plantée dans le parc coureur, et l'installation dans les stands. Nous devions passer la machine au contrôle technique. C'est le règlement FFM du championnat de France groupe 2 qui primait même si cette édition des 24h était hors championnat.

Ce fût une formalité, malgré notre peu d'expérience dans le domaine d endurance et de la préparation de la machine.

Après cela commencèrent les séances qualificatives pour se positionner sur la grille de départ, car cette année là tout le monde était qualifié. Mais nous tenions à essayer de nous qualifier en bonne position pour montrer que notre participation à la course n'était pas volée et que même si il y avait eu plus de 30 inscrits nous nous serions qualifiés. Chaque pilote, au nombre de 3 par équipage maximum autorisé, devait participer à une séance qualificative. Le meilleur temps des 3 pilotes était retenu pour composer la grille de départ.

Objectif réussi. Nous terminons 12ème des qualifs sur 24 équipages. Nous sommes dans le bon wagon, et c'est déjà un point positif.

Le vendredi soir est prévue une séance de 1 heure de roulage de nuit. C'est indispensable pour voir si les systèmes d'éclairage fonctionnent et surtout s'habituer au pilotage nocturne. C'est très particulier comme sensation. Malgré la chaleur ambiante de ce week-end qui s'avéra exténuant, nous ressentons la fraiche à tourner. Et les repères de jour sont totalement changé. Notre faisceau lumineux nous ouvrant une brèche étroite dans la nuit. Nous nous laissons guider par les machines nous précédant.

La machine tourne bien.

 

Samedi jour de départ et derniers préparatifs

 

Ca y'est le grand jour est arrivé. Il fait beau et chaud et ce sera comme ça tout au long du week-end.

Le célèbre départ en épi approche. Mais avant ça nous procédons aux derniers réglages pendant la séance de warm-up du matin.

Tout est en place dans le stand.

- les bidons d'essence pleins pour au moins tenir 12h.

- une paire de roues d'avance (pris la veille sur 2 MBK passion du magasin) montées en Michelin M38 gomme pluie PV11.

- un jeu de guidon, quelques leviers, poignets, reposes pieds,... mais pas de polys d'avance.

- une table qui servira comme éventuel établi le cas échéant, mais surtout plus comme table à tout faire.

- des chaises

- des matelas pneumatiques pour se reposer

14H30 : appel et positionnement en épi sur la grille de départ (installée dans la plus grande ligne droite du circuit)

14h55 :  départ pour 2 tours de chauffe (c'est notre meilleur pilote qui prendra le départ), je suis prévu pour le second relais.

15h00 : le drapeau tricolore est baissé et c'est parti pour 24H.

Le premier relais de 50mn se passe bien, nous sommes dans le milieu de paquet, nous tenons notre place des essais soit 12ème à l'issue de la première heure. C'est tout bon. Eric vient de descendre son chrono des essais en tournant en 1'01. Les leaders sont sous la barre des1'00.

16h00 : Je viens de prendre mon 1er relais. C'est impressionnant, ça y'est je suis dans cette fabuleuse épreuve, depuis le temps que j'en rêvé. Ca roule, déjà fort. Je me surprend à suivre dans certaines portions les top pilotes. Je roule en 1'03. Alors que je me laisse prendre au jeu. C'est top. La machine marche bien,...

Après 5 h de course je prend mon 2ème relais, nous sommes toujours dans un groupe qui navigue entre la 9ème et la 13ème place. Nous tournons sur une cadence entre 53 et 54 tours par heure.

Le jeu consiste à prendre à fond de poignet un double gauche à la sortie de l'escargot. Ca passe 1, 2, 3,.. fois jusqu'au moment où je sors de la trajectoire idéale et là la machine part de l'avant très fort. Ca surprend,... je passe à travers la bulle et je me retrouve au sol dans l'herbe sans avoir eu le temps de comprendre. Je fais l'état des lieux de la machine et celle-ci a sérieusement prise. La machine redémarre, le temps de faire 200m pour rentrer au stand. L'assistance familiale s'affaire aussitôt sur le CF. Il convient alors de remettre un minimum en état la machine. Les guidons ont tournés, La tête de fourche est bien abimée ; elle demande une bonne réparation au scotch (nous n'avons pas de polys d'avance), et surtout de remettre en état de fonctionnement l'éclairage sans lequel la direction de course ne nous permettrait pas de repartir. La direction de course est très vigilante sur les ravitaillements et les réparations. Il y a obligatoirement un commissaire qui est présent dans les stands à ce moment là.

Autre point dans cette chute, je n'ai plus confiance dans l'avant de la machine. Je demande alors à repasser une autre roue montée en gomme dure (M38 pz2). J'ai besoin de me rassurer. Ce sera le dernier changement de pneu de cette course. Le M38 est performant et endurant.

Bilan de cette chute, nous perdons 25 tours sur notre tableau de marche. Et nous repartons alors 16ème,....  

W.Defortescu pendant son 1er relais durant la 2ème heure
W.Defortescu pendant son 1er relais durant la 2ème heure

Les relais s'enchainent entre les 3 pilotes jusqu'à minuit. Ca tourne comme une horloge. Nous décidons d'économiser notre plus jeune pilote qui n'a que 14 ans et qui fatigue. Nous ferons donc la nuit à 2 jusqu'à 9h du matin.

Durant cette nuit les automatismes nous aident à tenir le rythme et surtout à faire face à la fatigue. Nous avons presque l'impression de rouler les yeux fermés et que tout le reste suit automatiquement tellement le corps s'est habitué à ce circuit à savoir à quel moment il faut freiner, basculer la machine et réaccélérer. C'est tellement vrai qu'on a du mal à se lever de notre demi sommeil non réparateur, bien souvent on dort dans le fond du stand sur un matelas pneumatique gonflé pour l'occasion. On enfourche la machine et c'est parti pour un relais rythmé par le bruit et les faisceaux de lumière des machines. Ca passe vite finalement.

C'est qu'alors sur le coup des 4h du matin alors que je sommeille, j'entend plus de bruits qu'à l'habitude. Je prête l'oreille et ça s'affaire autour de la machine que mon frère vient de ramener au stand, c'est bien trop tôt pour mon relais. En effet il vient de chuter lourdement dans le pif paf devant la tour de contrôle du circuit. Il a pris un ralentisseur et est semble-t-il passé par dessus la machine. La machine est bien abimée, et le pilote s'en est pris une bonne qui l'a sonné mais il est d'aplomb. Reste à reconditionner le CF. Changement de guidon, second rafistolage de la tête de fourche qui tient par miracle on ne sait comment avec des rilsans et du scotch. Vérification de la machine faite. Le plein est refait, et en final mon frère décide de prolonger son relais. Il y a de l'envie malgré le temps encore perdu par cette chute nocturne.

Le reste de la course se fera presque sans encombres et sans enjeu. Le but étant désormais de finir la course.

Malgré cela mon frère sera à nouveau victime d'une chute en fin de matinée. Un concurrent venant l'accrocher sur un freinage. Manœuvre inutile. Alors que ce dernier ne jouait pas la gagne et que les positions étaient bien figées si proche du but.

Il se relèvera sans bobos, et quelques blessures supplémentaires données à la machine. 

Nous voyons enfin le drapeau à damiers s'abaisser devant nous à l'issue de ces éprouvantes 24h, liées à la météo très chaude et aux 3 chutes de l'équipage. Nous sommes heureux d'avoir fini, et n'avons qu'une hâte alors, c'est de nous reposer, en pensant déjà à la prochaine édition, en ayant appris beaucoup de choses. malheureusement nous apprendrons plus tard que l'édition 1989 sera la dernière,....

Thierry Karoy

MBK 51 cf n°23 

 

13ème jusqu'à la 15ème heure puis le moteur (le fourbe) a avalé son bulletin de naissance.


Stéphane Masse

Peugeot XG2 n°9 - Team Challet

2nde place finale de l'édition 1989

3 participations aux 24h du Mans - 1 abandon en 87 et 4ème en 88

 

Passé ensuite en Groupe 3 avec des succès à la clé sur un Peugeot usine. Avant de s'essayer avec succès à la moto à partir 1990, tout d'abord en 125 promosport sur un Suzuki RG en jouant les premiers rôles et  pour enfin rouler en championnat de France 125 open sur un Honda RS, où il excellera avec 2 victoires à son actif lui permettant de participer au championnat d'Europe (dont l'épreuve française au Mans). Ses belles dispositions seront stoppées dès la fin de l'année 91 faute de budget.

 

Ses 24 heures.

A partir du samedi soir, nous sommes passés 2 pilotes. Eric (Nouzille) et moi. Marc (Lhoest) n'avait pas notre rythme. La différence était énorme. Faut dire qu'Eric et moi, avions un rythme infernal. Nous avions un panneautage lumineux. Tour par tour, on roulait très vite, des relais d'une heure avec tous les tours en dessous de la minute, et c'est dans la nuit que j'ai fait 59"00.

 

Au petit matin, on avait entre 15 et 20 minutes d'avance. Mais vers minuit, c'est moi qui roulait, j'ai eu une perte de puissance. Je suis rentré au stand, et ai fait un mauvais diagnostique. (ce n'était pas ma machine, mais celle d'Eric). J'ai pensé problème clapets. Le temps de démonter, et de remonter, Eric qui dormait, est arrivé et a parlé de bobine. C'était cela. C'est pourquoi le 51 mobchop est à 1 tour;

 

Après en effet dans le dernier quart d'heure, Eric a eu un saut de chaîne. Il remet la chaine rapidement, mais impossible de redémarrer le XG2, tellement la courroie était usée, elle n’entraînait plus le moteur.

 

Comme le dit alors Stéphane pour conclure : "En 87 je tiens à préciser que si les roulements de vilo ont lâchés à minuit, c'est à cause de moi. Consécutif à ma chute en pleine nuit dans le bac à sable. Le carbu s'est retrouvé plein de sable. Je suis rentré au stand au moteur. Malgrè un démontage et un nettoyage à l'essence du bas moteur par Thierry, le moteur ne tiendra pas plus de 20mn". Pour l'anecdote Stéphane avait fini par gagner un 24h, à la réunion en 88, avec Fourel et Valli.