temoignages 1987

Voici des témoignages recueillis d'aujourd'hui ou de 1987 de pilotes ayant pris part à cette édition.

Bruno VIGNOLAS

MBK 51 CF n°22

Deuxième participation aux 24h pour Bruno en compagnie du réputé Eric Nouzille.

 

Après des essais encourageants pour l'équipage, une 3ème place. La course allait ressembler aux essais jusqu'à 11h le lendemain. En effet les coéquipiers tenaient une belle 3ème place mais malheureusement une casse moteur allait contrarier ce beau parcours, presque parfait.

Bruno ne reparticipera pas à cette épreuve. Nous le reverrons l'année suivante sous les couleurs Chalets, au guidon d'un XG2 confié par l'usine Peugeot au concessionnaire Nantais bien connu pour participer au championnat de France. Bruno ne finira pas la saison 88. La machine sera confiée par la suite avec succès à Eric Nouzille.

 

Bruno Vignolas sur Peugeot XG2 pendant saison CDF 1988
Bruno Vignolas sur Peugeot XG2 pendant saison CDF 1988

Jacques COUTAUSSE

MBK 51 CF n°49

2 participations aux 24h pour Jacques. 1ère en 1987 et seconde en 1988.

Jacques venait de Tarbes avec une bande de copains, pour avant tout s'amuser. Cette première expérience sera de courte durée, en effet ils se retrouvent premier non qualifié. La place de premier suppléant au cas où, hélas pour eux il n'y aura pas de désistement. En 1988, toujours sur leur 51 cf mais cette fois ci avec le n°90 l'expérience aura un meilleur goût pour Jacques, et ses copains Pyrénéens. Ils n'auront pas parcourus autant de kilomètres pour venir au Mans pour regarder la course en spectateur, cette fois ci c'est la qualification après une manche de repêchage le samedi matin avec une 28ème place sur la grille de départ, mais ils ne verront pas la ligne d'arrivée, suite à un abandon en début de soirée.

Jacques Coutausse 24h du mans cyclo
Pendant les essais de nuit

Louis GARNIER

Grand animateur des 24h du Mans cyclo, multiple participation (9 éditions) à cette épreuve et au championnat de France.

 

Oui j'ai participer à ces 24 heures de 1979 à 1989 ou 90 je sais plus. Aux 24 heures de Fontenay le comte et de cognac. Plus 2 fois aux 24 heures scooters avec Karim Dijona et Stéphane Guilmet ( préparateur et pilote ) au couleurs de Honda Aline le mans.

 

- 1979 sur un gitane testi casse dans la nuit

 

- 1980 sur motobecane origine pour la concession trassard du mans

 

-1981 sur motobecane 51 Le Mans groupe2 pour l'écurie Métayer au mans avec François Raoul et aidé par l'usine à l'occasion.

 

-1982 pilote officiel MBK avec Thierry Cheron 23 heures en tête, casse dans la dernière heure pour finir 2eme. Victoire de Stéphane Guilmet et Daniel rottier

 

Au mans on a fondu une bougie dans la 23eme heure, nous avions 3 ou 4 tours d'avance sur le 2eme (Guilmet- rottie ) mais le temps que Thierry ramène la machine aux stands et les réparations nous finissons 3eme.

 

- 1983 sur Honda camino. Qui manquait de puissance pour finir aux alentours de la 20eme place

 

-1984 pilote MBK TEAM bonamy de sable sur Sarthe je ne me souviens plus du résultat.

 

- 1986 pilote officiel Peugeot sur le nouveau Peugeot xg2. Les 2 machines officielles étaient pelletier-Cheron d'une part et stenbacker et moi de l'autre.

 

1987 - 2eme des 24 heures sur le MBK de la concession Ouvrard de Fontenay le comte. Co pilotes rekiba et Guilmet.

 

1988 - pilote officiel Polini par l'intermédiaire de delta cyclo au mans. Co pilote arnaud maillard et Frédéric bouttin. Grosse casse dans la nuit étant 3eme.

 

Mon XG2 usine, cadre n°4.

 

N°1 -> Reste à l'usine

 

N°2 -> Eric CHERON

 

N°3 -> Michel PELLETIER

 

Il n'y avait pas encore le refroidissement à eau.

 

On a fait également les 8 heures de Lille. Nous étions en tête, j'ai fait un extérieur à un concurrent, et au même moment il perd l'avant, il m'emmène avec lui dans la gamelle, mais je suis très mal tombé. Perte de connaissance, transport à l'hôpital, traumatisme crânien donc abandon.

 

Nous avons gagné les 4h de douvrin.

 


Pierre PATRIN 

MBK 51 CF n°9 - Team Accessoirement Boulogne

Abandon

On avait le sourire pour cette seconde 24h après Cognac l'an dernier. Car très motivé pour faire un podium mais ça n'a pas duré longtemps. Après 2h de course première casse... le coude Laurent Caubel (futur champion de France gr2 en 1989). Pas grave on continue à deux... Quelques heures plus tard casse du moteur à cause du vilo Mazucheli neuf mais excentré... et abandon définitif après un dernier serrage suite au remontage du moteur avec des débris résiduels dans le bas moteur. Fiasco complet.

 



Joël BERGER

MBK 51 CF n°5 - TEAM THIBAUDEAU

1ère et unique participation aux 24h du Mans

Joël avec le reste de l'équipe de la n°5 Alain Rivet et Stéphane Masse, un des protagonistes du championnat 87.
Joël avec le reste de l'équipe de la n°5 Alain Rivet et Stéphane Masse, un des protagonistes du championnat 87.

Trois ans avaient passé depuis la dernière course de cyclo à laquelle j'avais assisté, trois années pendant lesquelles je n'avais pas éprouvé l'envie de connaître cette catégorie, pas même besoin de voir l'évolution suivie par celle-ci. 

 

COUP DE FOUDRE

 

3 Mai 1987. J'assiste à une manche du National Cyclo. Mon sang ne fait qu'un tour à la vue de la bagarre en G3 et du baston permanent à toutes les places en G2. C'est le coup de foudre. Il faut absolument que j'essaie çà I Pas question de renier mon engin favori mais l'expérience me tente. Hélas.je n'ai pas le temps d'investir dans la catégorie et puis débutant je risque de galérer, de ne pas être qualif (Je veux être qualif à la place du Qualif) bref je ne veux pas être déçu I Une solution à mon problème est séduisante: Chercher une place de troisième pilote pour les 24 heures du Mans, prestigieuse épreuve qui se déroule deux mois plus tard ... J'en parle à des copains très branchés cyclo (Hello Philippe, Eric, Pierre et les autres) et je l'avoue je profite de mes relations avec CLAC MOB pour élargir la recherche.

 

LE REVE DEVIENT REALITE

 

3 semaines passent. Dring. Dring !! "Salut, c’est Pascal. Je t'ai trouvé un "coup" pour les 24 Heures. Dépêche toi et tiens moi au courant".

 

Je vous dispense de ma mise à l'épreuve. Puisque de toutes façons. ils m'ont pris. 'lis" ce sont Stéphane Masse et Alain Rivet de Nantes avec la bénédiction des préparateurs: Joël et Thierry. Et c'est ainsi qu'après quelques mises au points. Je passe le Jeudi 25/6 au contrôle administratif des 24 heures du Mans avec J'équipe qui me fait confiance pour l'occasion. Confiance ? Le mot est faible. Joël plante le décor: "Les 24 Heures du Mans représentent la charnière de la saison et vont définir l'issue du championnat de France. Si l'équipage vainqueur des "24" est actuellement dans les trois premiers du classement provisoire. C'est fini pour le titre. Par contre si c'est un équipage situé dans les sept ou dixième. la bagarre pour le titre est relancée. Tu sais que les "24" ont un coef 2 pour l'attribution des points ? Pour le moment. Stéphane est 8e au championnat, il ne faut pas se rater... " Je connais désormais la responsabilité qui pèse sur les épaules de mes coéquipiers et les miennes avec comme excuse pour ma part le fait que, j'enfourcherais pour la première fois un cyclo de compétition. Que je n'ai aucune prétention au championnat de France !

 

Le plus important dans tout cela, c'est que je n'ai pas le droit de ruiner tous les espoirs que mon équipe bien placée dans ce même championnat. C'est clair tout va bien. 

ESSAIS LIBRES

 

J'apprends le cyclo, le circuit, je découvre le variateur, les freins. Je suis à l'arrêt, les autres pilotes me passent sans coup-férir. Bon sang j'ai pourtant l'impression de bien faire. Je ne peux, par contre, prendre aucune référence car je ne connais pas le niveau de performances de mes concurrents. Mais, je me fais toutefois encore surprendre par mes trajectoires malhabiles. Dur dur l'apprentissage! Mes coéquipiers doivent se poser des questions à mon sujet. La vérité, c'est que je suis très en dessous de mes possibilités. Je ne dois pas tomber et puis il faut que je m'efforce d'effacer tout l'acquis du comportement de mon solex. Il faut que j'efface dans ma tête la limite d'inclinaison tolérable pour la placer un peu plus près du sol. Pas évident !

 

QUALIFS

 

Une chance je n’y prends pas part. Par contre mes coéquipiers sont mis à contribution. Dix tours chacun. J'en profite pour vous le présenter :

 

Stéphane il est le sprinter l'attaquant généreux. Peu d'expérience mais bagarreur à souhait. Il bénéficie de plus d'un poids avantageux.

 

Alain : il est l'expérience. Possède déjà quelques saisons de cyclo dans les jambes et notamment la participation aux 24 Heures depuis 1979. Une poignée de dixièmes de seconde moins rapide que Stéphane.

 

Il a pour lui la parfaite connaissance du circuit du Mans et surtout il connaît toutes ses trajectoires devenues piégeuses à la moindre averse : "C'est une vraie patinoire. Tu es droit comme un I. Tu ne freines pas et tu tombes sans comprendre".

 

Pourvu qu'il fasse beau ... 

 

LA COURSE ENFIN

 

Deux mois que j'attends ce moment. 14 heures 45. Les Officiels ont lâché les concurrents pour un tour de chauffe. C'est quand même bizarre de faire un seul tour de chauffe. Un quart d'heure avant l'épreuve. Bah! ils doivent savoir. Ce quart d'heure je le consacre à détendre Stéphane, c'est la première fois qu ïl participe à une course de 24Heures. Il est anxieux. Balise un peu, pour le titre, surtout. Alain est là aussi, il se rassure en vérifiant que tout est bien d'aplomb sur le CF.

  

15 H 00 : RUSH. Stéphane part bien de sa 8e place sur la grille. il se propulse rapidement à la 4e. Il s'y maintient pendant toute la première heure. Il en est de même pendant le relais d'Alain et c'est ainsi que par le jeu des ravitaillements, des chutes et autres aléas des autres équipages.je vais partir pour la 3e Heure en seconde position de la course. Il est inutile de préciser que j'ai un gigantesque noeud digne des meilleurs scouts à la place de ce qui aurait dû me servir d'appareil digestif si ... Alain arrive, le noeud se tend, depuis un tour je l'attends équipé. Tout est serré, (même le noeud !). Ajusté, la visière, les lunettes "Nickel".

  

- Alain: 'Tout va bien, rien à dire"

- Moi: "Le lanceur comment est-il ?"

- Alain: "tu n'as pas à y toucher"

- Joël: "On va quand même le huiler un peu"

- Thierry: "Vas y, c'est bon"

- Moi: "Poussez moi".

 

Immédiatement, le moteur "craque", montée en régime.je place le cuir aux cuisses pour une meilleure mobilité des jambes ... Freinage pour la sortie des stands. Les commissaires ne passent le drapeau vert. Coup d'oeil en arrière. La piste est libre. Je suis dans la ronde. Le noeud se détend et surtout, je l'oublie. L'appréhension fait place à la détermination, l'énervement associé à la concentration.

 

Dorénavant, rien de ce qui est extérieur à la bande noire se déroulant devant ma bulle est important. Je ne me souviens même pas des premiers tours que j'ai effectué tant je me suis préoccupé de ne faire de faute, et puis, tour après tour je me force à suivre toujours plus les autres concurrents ... Après une dizaine de tours, je m'inquiète quand même que le CF est comparé à la concurrence, léger en pointe, ce n'est quand même pas mon poids supérieur qui fait une telle différence avec mes coéquipiers. Eh mes coéquipiers. Je les ai oublié, tout à l'heure, avant que je parte, ils m'ont parlé. Alain, d'un côté, m'a dit de ne pas toucher au vario et de l'autre Joël l'a huilé (le vario pas Alain). Évidemment tout est là ! Mon vieux, mais c'est bien sûr, le réglage a changé ! Un gars habitué aurait à ma place corrigé de lui-même. Cette constatation faite, je me mets en devoir de relever le lanceur dans tous les "bouts droits" qui me le permettent, la manœuvre est payante. Je reviens déjà sur quelques gars qui m'ont passé dernièrement. Ouf, mon poids n'est pas responsable à 100 %. La confiance vient. Je me prends au jeu, "j'accroche" quelques concurrents pour plusieurs tours, je les copies partant du principe qu'à machines égales, ce qu'ils font, je peux le faire, mais pourvu qu'ils ne tombent pas ... 'Waouh ! Le genou a touché le vibreur intérieur" sensation nouvelle pour le modeste Solexopilote que je suis, vu que je ne suis pas du genre "Assis à côté de la selle" et pilotage "à la coupe Yamaha" comme le montrent les photos. Simplement, je maîtrise mieux le comportement du CF et apprécie mieux les réactions des Michelin M 38 qui me rattachent au bitume.

 

Bientôt, on me passe le panneau d'arrêt, mon heure se termine. A l'arrêt au stand j'ai du mal à m'extraire de sur le cyclo, à cause de la position "Céefesque" qui vous contraint à être assis presque sur vos chevilles, elles même pliées au maximum, le tout avec le genou gauche ouvert vers l'extérieur pour ne pas être brûlé par le pot d'échappement, ou pas trop. C'est divin, tellement ça fait du bien quand on s'arrête. On a envie de recommencer. Dur de faire admettre que sur mon solex, c'est plus confortable 'Stéphane repart, après un relais toujours aussi bref.

 

Toute l'équipe pose des questions :

 

Le moteur ? Le varia ? pourquoi tu ? Mes temps ? etc ...

 

Au fait le classement ? Où en est-on après mon heure ?

 

Nous n 'avons pas trop dégringolé, en fait, les changements de classement dépendent pour les premières heures en grande partie de la rapidité des relais et des pannes. Si bien que pendant les 8 premières plombes, nous nous sommes maintenus dans les cinq en haut du classement.

 

Ma deuxième heure se passe sans problème, mes temps descendent encore, sans pour celà être aussi bons que ceux de Stéphane et Alain. Rassurez-vous, je ne vais pas raconter en détails les six heures de course que j'ai effectué mais il y en a sur laquelle je vais insister: Il est 2 h 30 du mat. Il pleut depuis une demi-heure. La fatigue commence à faire effet sur les pilotes. Les stands sont vides. L'appréhension que j 'avais ressentie pour mon premier relais est revenue. En effet depuis Jeudi je n'ai pas encore roulé sur le mouillé avec le cyclo et je reconnais que je suis inquiet. Cependant. J'ai un atout. En Solex, toujours lui j'aime piloter sous la pluie et j'arrive à aller assez vite dans ces mauvaises conditions.

 

Joël : "t'inquiète pas, ça va aller. Tu es plus calme qu’·eux, tu vas t'en sortir." Pas de doute. Il a le moral. Je boucle le premier tour à la vitesse petit v le pied au sol dans tous les virages, histoire de "sentir le grip ..  Le deuxième idem avec des trajectoires un peu différentes. Toujours pour observer. "Ca a l'air calme dites donc, pas un seul chevronné n’est venu m'agacer". J'accélère le rythme. Je cherche une position qui me convient pour attaquer. Vu de l'extérieur ça ne doit pas être bien beau mais ça devient efficace. Je passe de mieux en mieux. Double de plus en plus de concurrents. Super j'en passe même qui sur le sec ne me laissaient pas le loisir de reluquer leur feu rouge très longtemps.

 

Finalement, c'est bien le cyclo sur la flotte. S'il pouvait pleuvoir jusqu'à l'arrivée, on pourrait rigoler. Mais je ne pense pas trop à la fin de la course tellement je m’applique à freiner propre, à enrouler les enchaînements, pas un adversaire ne me résiste plus de deux tours. Ma spécialité devient le "coup de l'escargot". Là je les passe partout mais surtout dans les coins où ils ne m'attendent pas. Ceux qui résistent dans le droit je leur porte l'estocade dans les quatre gauches qui suivent. N'attendez pas de moi que j'explique comment je procède. Je vais garder mon truc puisque j'ai compris qu'il constitue pour moi une excellente "carte de visite" pour participer l'an prochain. Quoique. "Faire une démonstration à 3 heures du mat" n'est pas le moment rêvé pour attirer les regards. Qu'importe. quel pied. Je prends toutes les têtes de liste du championnat. Ils sont moins vite ... toutes ? Non, une seule résiste encore et toujours un seul pilote que je n'ai pas vu pendant l'heure : Philippe Pelletier. Ses antécédents en Solex y seraient-ils pour quelque chose ? J'en suis persuadé. A l'arrivée au stand c'est l'accueil chaleureux. Je ne suis pas le seul à avoir été surpris de mes perfs sur l'eau. Stéphane inquiet : "Qu'est ce qu'il faut faire ?". Moi heureux : "C'est dur à expliquer. Ca glisse mais ça tient bien. Gaz".

 

Quel plaisir après cette heure aquatico-nocturne mais quel dommage que le règlement nous astreigne à un max d'une heure en piste. Sûr que j'aurais pu encore en aligner une vu l'état de fraîcheur dans lequel je me trouve. Le sommeil a été dur à trouver. J'effectue encore un relais sur l'eau moins réussi que le précédent. Le lanceur du cyclo ne m’a pas aidé cependant je me suis offert le plaisir de doubler Eric CHERON qui en compagnie de ses coéquipiers s'envolait pourtant vers la victoire (mais ça vous le savez déjà). Le jour revenu, la pluie oubliée, la fatigue bien présente, les épaules et les bras endoloris ce qui allait être mon dernier relais s’achève. J'attaque la ligne droite : gaz, lanceur.

 

BRUIT. Le moteur ? Non ça a tourné. La courroie ? Non. La chaîne vient me fouetter la cuisse intérieure. L'arrière est bloqué. J'échoue sur le bas-côté. J'arrache aussitôt cette chaîne d'enfer et je rentre à pieds. Stéphane et Alain bouclent encore une heure chacun et vient mon tour. J'ai pris froid en dormant. J'ai les épaules bloquées, le dos raide. Je ne peux pas piloter, c'est certain ... Stéphane est frais comme un gardon.

  

- Moi : "tu veux partir à ma place? Je ne ferai rien de bon dans cet état... je prendrai la suite, dans une heure ça ira mieux"

 - Stéphane : "OK. j'y vais".

  

Vingt minutes plus tard. Stéphane revient à pieds lui aussi. C'est fini. Le moteur a rendu l'âme, roulement de vilebrequin mort.

DÉCEPTION

 

Toute l'équipe est abattue : Alain et Stéphane y ont laissé des points précieux au Championnat.

 

Nous étions bien partis pour finir dans les dix :

Onzième au moment de la casse après être revenus de la dix-septième place suite à un changement de cylindre. Joël nous réconforte mais il est lui aussi très déçu. Casser la mécanique qui l'a trahie mais avant de casser tout allait si bien.

 

Peux-t-on lui reprocher quelque chose ? Pour moi ce sont des sentiments mêlés de déception justifiée et de satisfaction. Il n'y a pas deux mois je n ·avais jamais piloté un CF et maintenant, j'ai fait l'expérience dans la plus grande course du national 87 avec des performances personnelles qui, mêmes si elles ne sont pas du meilleur tonneau m'encouragent néanmoins à provoquer

 

une autre occasion l'an prochain ... 

 

Joël BERGER, Alain, Stéphane et moi : l'expérimenté, le sprinter et le débutant !


Jacques BOLLE

MBK 51 CF n°4 - TEAM CASSEGRAIN

1ère et unique participation aux 24h du Mans

6ème place finale

 

 

Interview de 1984.

 

On peut avoir pratiqué Ia moto de compétition au plus haut niveau et ne pas refuser d'user sa combinaison cuir sur une mob de course.

Lors de la récente épreuve des 24 heures du Mans cyclos, un des pilotes Français les plus au top dans les années 80, a accepté de se remettre en question et de participer à une des grandes classiques cyclos du moment, aux côtés de 2 très bons spécialistes du Groupe 2, le tout sur un 51 MBK CF des plus

affutés. Après 2 années d'interruption de sport motocycliste, répondre oui à une telle invitation n'et pas forcément évident. Et pourtant, conscient des différentes manières dont pourrait être interprétée cette participation, Jacques Bolle, puisque c'est de lui gu'il s'agit (qui sera plus tard de nombreuses années durant le président de la FFM), a accepté de relever le défi quitte à prendre quelques gamelles, à se faire passer par les fondus de la catégorie et à attraper bon nombres de crampes car, 24 heures

sur une mob, ça n'a rien d'évident. En fait, tout s'est très bien passé et Jacques a tenu très honorablement sa place dans l'équipe Cassegrain. ll s'est bien souvent piqué au jeu en se bastonnant dans les paquets, il a goutté à 2 reprises le revêtement de la piste de kart du Mans, il a même souffert physiquement, surtout à cause de son manque d'entraînement, mais à aucun moment il ne s'est découragé mettant tout son honneur pour aller jusqu'au bout, Chapeau M.Bolle.

Jacques Bolle aux 24h du Mans cyclo 1987
Jacques Bolle pendant la course.

Jacques Bolle énumère sa carrière :

J'ai débuté en moto très jeune. A l'époque, il n'y avait pas de

course cyclos, en tous cas pas aussi bien organisées que maintenant. J'ai commencé par le challenge Honda, j'avais 17 ans et je I'ai remporté. En gravissant les marches de la compétition, je suis devenu ensuite pilote international en 1979. J'ai fait au total 5 années de Grands-Prix dans plusieurs teams d'usine. Aujourd'hui, je roule sur une MBK pour voir ce que

c'est mais, il y a 5 ans, je courrais déjà avec une Motobécane 125 cm3 et finissais d'ailleurs 5ème au mondial.

J'ai également piloté la Pernod 250 cm3 en 83 et 84. C'est à son guidon que j'ai pu emporter le G.P. d'Angleterre.

J'ai fait aussi un peu d'endurance dans le team Honda France et

aussi avec la Elf.

 

Jacques arrête alors la moto

Tu sais, après 10 années de compétition, il s'est trouvé un moment ou je ne me suis plus senti complètement motivé. Par ailleurs, 1984, une année dans laquelle je mettais beaucoup

d'espoirs, s'est très mal passée et, pour différentes raisons, je n'ai pas eu les résultats que j'espérais. A I'issue de cette saison, j'ai décidé de me retirer sans pour autant abandonner la moto puisque j'organise maintenant plusieurs courses de motos.

 

Pourquoi cette participation aux 24 heures du Mans cyclos.

Tout simplement parce que quelqu'un m'a proposé de rouler avec

un bon équipage sur une grande épreuve. Je n'avais jamais tenté une telle expérience et I'idée m'a plu. Alors, pourquoi ne pas essayer le cyclo. Dans la vie, il faut tout essayer comme ça on peut parler en connaissance de cause. Je crois que je vais

bien m'amuser.

 

Voilà ce qu'il pensait du pilotage d'un cyclo

C'est quand même relativement différent de la moto. Le plus déroutant, sur un cyclo, consiste à assimiler la pratique

du lanceur, une pédale à droite qu isert en fait d'embrayage. Je pense quand même qu'à I'issue des 24 heures, j'aurais moins de problèmes. 

D'autre part, en matière de pilotage cyclo, sur des pneus comme les Michelin M38, il ne faut pas trop freiner sur I'angle ni rentrer trop fort en courbe car I'avant à tendance à se dérober. On se rend compte aussi que la trajectoire moto est souvent différente

de celle qu'on utilise en cyclo.

En mob, pour gagner du temps, pour couper au plus court, la machine étant très légère, une belle trajectoire n'est pas toujours la meilleure solution. Sur le plan chrono, il faut sacrifier parfois

la pureté du geste.

 

 

Le monde moto est-il plus sérieux ?

Ah, non, absolument pas ! 

D'ailleurs, j'ai été surpris par le niveau de pilotage et la qualité de préparation des écuries et des teams. A mon avis, le cyclo soutient la comparaison avec les promosports moto, peut-être

même un cran en dessus au niveau du sérieux.

 

Et la technique ?

Je n'ai pas I'impression de me traîner! ll est bien évident qu'au

Ricard, j'aurais la sensation d'être à l''arrêt ! Les performances sont tout à fait adaptées aux circuits.

Et on arrive à se faire des frayeurs. Moins qu'a 240 km/h lorsqu'on part en dérapage dans une grande courbe mais, on arrive à se faire peur. Absolument.

 

Quel rôle vas-tu jouer durant ces 24 heures?

On a environ le 15ème temps. Dire qu'on part pour gagner

serait présomptueux mais, endurance faisant, sans problème, je crois qu'on peut se retrouver sur le podium. En plus sur ce circuit là tout le monde m'a dit que si il pleut, les cartes seront redistribuées. Je vais essayer de ne pas faire honte à tous ceux qui m'ont accordé leur confiance.