1984

Pôle position pour la n°36 de Christian Ménager
Pôle position pour la n°36 de Christian Ménager
Thierry Chéron à l'attaque sur la Motobécane n°31
Thierry Chéron à l'attaque sur la Motobécane n°31

Peugeot la gagne

 

Contre toute attente, les Motobécane Bidalot n'ont pas tenu le choc. Peugeot, grâce aux frères Pelletier, obtient ainsi une belle victoire par élimination.

 

 

 

PEUGEOT : La gagne

 

Qui aurait parié sur la déroute de Motobécane ? Pas grand monde. En effet, MBK possédait deux atouts pour faire au Mans un joli tir groupé. La loi du plus nombreux : 21 Tobec contre 4 Peugeot.

 

La loi théorique au plus fort : 1'04"79 réalisé par Christian Ménager, nouveau record de la piste. Tout cela n'aura servi à rien car une autre carte, plus noire cette fois, viendra troubler ces prévisions : la fiabilité et la régularité du 103 des frères Pelletier alliées à la disparition, sur casse moteur, des Tobec les plus menaçants.

 

Pourtant, tout avait bien commencé

 

Quinze heures les trente concurrents sélectionnés attendent sous un soleil de plomb le baisser du drapeau et observent attentivement le directeur de course. Un départ « type Le Mans », même avec des petits cubes, c'est à voir.

 

D'un même élan, les pilotes enfourchent leur monture pour une ronde infernale qui devra durer un tour complet, pour les plus solides, bien sûr. C'est Thierry Chéron, pilote local soutenu par la SNAM qui mènera le bal durant la première heure à la moyenne de 65,697 km/h suivi de très près par Stéphane Guilmet.

 

Patrick Steenbakers est également dans le même tour. Quand on voit la cadence que ce trio impose, on se dit que tous les records seront pulvérisés. Comment peut-on prendre autant d'angle et offrir autant de spectacle avec un petit cube ? C'est tout bonnement phénoménal

 

Puis vient le premier relais. Quelques changements interviendront alors, puisque Christian Ménager, le roi de la Maison Blanche, sur son 51 préparé par Regimbeau, concessionnaire à la Flèche, fait la différence et creuse l’écart de façon sérieuse. A la cinquième heure, Christian compte déjà quatre tours d’avance sur Chéron/Brosse. Les frères Pelletier restent très discrets et sont néanmoins pointés en 6ème position.

 

Déjà, on enregistre le premier abandon officiel. Celui du Cycmo engagé en série et piloté par Lozach/Ardouin. Lozach ayant dû être transporté à l’hôpital à la suite d'une chute (fracture de la clavicule). La liste des abandons ne devait pas tarder à s'allonger sérieusement.

 

Philippe Pelletier vainqueur de l'épreuve sur son 103 Peugeot n°9
Philippe Pelletier vainqueur de l'épreuve sur son 103 Peugeot n°9

PEUGEOT créé la surprise

 

Le début de la fin

 

20 h 30 : coup de théâtre Eddy Février et Stéphane Guilmet, alors en tête, rentrent tous deux aux stands en poussant Ils viennent de serrer de façon irrémédiable. Le diagnostic est vite établi. C'est l’abandon.

 

Déjà, avant eux, deux autres 51 devaient subir le même sort : Ravet/Thelva et Dyduch/Chaumont. C'est donc Chéron et Brosse qui endossent le maillot de leader. Derrière, ça bouge beaucoup, ou plutôt ça casse énormément. On n'a jamais vu cela au Mans. A mi-course, près de la moitié des équipages ont déjà déserté leurs emplacements. Quelle tristesse I Mais dans tout ce méli-mélo, qui retrouve-t-on à la seconde place ? Le Peugeot des frères Pelletier, Philippe le grand et Michel le petit, handicapés par la vitesse de pointe de leur 103 stock express très inférieur aux MBK, totalisent quand même 15 tours de retard. Tactique : attendre la casse du lièvre. Ce qui n’est pas impossible. En troisième position, Eric Chéron dit Bill, frère de Thierry Chéron, talonne Pelletier à moins de 3 tours. Si Eric et son compère Karim Rekiba, n'étaient pas accablés par tant d'ennuis secondaires avec un variateur bloqué, une chaîne qui saute, ils pourraient lutter avec la tête.

 

La nuit, froide et sans fin, ne devait que très peu modifier les positions.

 

Avec la pluie vint la victoire

 

Il est 10 heures du malin, les quelques pilotes qui restent encore en lice (16 équipages) sont bien fatigués, ils ont les yeux gonflés, boivent du café et tentent vainement de se réchauffer. Le ciel s’assombrit, on entend même quelques coups de tonnerre, et ça y est, la pluie tombe et rapidement la piste devient une véritable patinoire Tout le monde est atteint par la chute, la bénédiction de Sainte-Gamelle.

 

Ainsi, Fabien Brosse, qui comptait 2 tours d’avance, suite à un changement de plateau d’allumage dans son style déhanché bien caractéristique glissera violemment au fond du circuit et, plus grave, esquintera salement son 51. Bilan des opérations : Pelletier prend la tête. Sous la pluie, tous les pilotes ont considérablement ralenti, les meilleurs tournent en 1’20. II parait donc impossible à Brosse/Chéron de remonter. Les ennuis ne venant jamais seuls, ces derniers compteront jusqu’à 14 tours de retard.

 

C’en est trop Tous les yeux observent le 103 des frères Pelletier II est 14 h 50. C'est sûr. Ils vont gagner. Mais que se passe-t-il ? Michel s'arrête dans l’escargot, sa machine ne démarre plus. Connaissant son avance (11 tours), il viendra tranquillement se placer devant la ligne d'arrivée et la franchira à 15 heures, sans toutefois être persuadé qu’il avait de meilleur choix. Chéron et Brosse pouvaient-ils remonter leur handicap ? La réponse vint rapidement, les Pelletiers (ici Michel), leaders du championnat de France Groupe 3 s'octroient au Mans une victoire qui restera dans les annales. Ils terminent premier avec 2 tours d’avance.

 

Les frères Pelletier ajoutent ainsi à leur palmarès une victoire aux 24 Heures du Mans (pour la première fois) qui n’en restera pas la moins curieuse. En série, à noter la belle victoire du Motobécane des deux Bretons Fravallo/Legouallec.

 

Eric Nouzille le Nantais sur un Motobécane M16, rare pour le signaler
Eric Nouzille le Nantais sur un Motobécane M16, rare pour le signaler

Quel avenir pour les 24h ?

 

1982 : 90 engagés. 1983 : 60 engagés. 1984 : 43 engagés. Le nombre des participants est de moins en moins élevé en dépit du caractère bien particulier de cette épreuve. Comment enrayer ce phénomène ? C'est la question que l'ACO devra se poser si elle désire, dans un souci de promotion organiser sa 12ème édition des 24 Heures cyclo. De l'avis d'un grand nombre de pilotes, il est indispensable que l'ACO prenne des décisions dynamiques, car. malgré tout, les 24 Heures, c'est quand même quelque chose et il serait dommage de s'arrêter là.

 

Quelques propositions paraissent facilement réalisables : déposer les 24 Heures au calendrier du championnat de France, s'aligner sur le prochain règlement FFM ; offrir un peu plus de souplesse.

 

Eric Nouzille qui est un des pilotes ayant le plus grand nombre de participations aux 24h du Mans
Eric Nouzille qui est un des pilotes ayant le plus grand nombre de participations aux 24h du Mans


 

Souvenirs de Pascal Fraget :

 

 

 

« En fait, on ne peut pas parler de Mob , sans parler du MCIF, Moby Club Ile de France

 

Dans les années 84/85 c'était le club de Mob de France, on a tous démarré avec ce club.

 

Avec mon ami Pirodon le président, un passionné, on allait chez lui, et c'est de là qu’est partie l'idée de participer à la Tasse d'Or. Je crois qu’on n’appelai pas cela les 24H du Mans cyclos.

 

Il y avait un gros team qui roulait sur des machines MBK Factory, le team Cassegrain avec C.Ménager. Nous, on était des 'néophytes' face à cela, bon nombre de machine était des caminos, avec des HM mina de boite, je n’ai pas de photos de cette époque bien avant les CF officiel, juste l'entre deux.

 

Nous, en tant que club, plus de 250 licenciés Ufolep, on avait eu un MBK, le tout premier sorti des lignes de l'usine de Pantin, type Mob Cross, on avait nos protos à base de châssis de mob, des cylindres de voiturettes Ligier, vario d'origine, et pot qui passait sous la selle, tous cela inspiré d'une machine que Marc Unau avait développé pour lui-même pour participer à des courses de côtes.

 

Le système de pédale de lanceur est une invention de Gachet, une figure de la mob mais surtout du Solex, et l'arrivée de ce lanceur a été un vrai plus, le modèle des tous premiers CF.

 

Donc nous voila avec notre mob, et l'idée de participer à cette fameuse course d'endurance, mon président de club aimant mon style de pilotage, j'étais associé à mon petit frère Eric et  un pote de l'époque.

 

Je me souviens que de cette année-là, on a vu les machines Cassegrain, et on a été un peu dég, ils avaient le tout nouveau allumage ducati, le pot usine latéral, la fourche Paioli, c'était les prémisses de l'arrivée du CF et des machines officielles MBK.

 

On avait eu du mal à se qualifier, on était parti sur l'idée de rester avec une machine quasiment de série pour assurer les 24h. Mais ce n'était pas bon. Les Caminos et surtout le team Cassegrain nous tournaient autour, un peut deg, manque de préparation, de performances, on a arrêté au bout de 4h, ressort de fourche cassé, et du coup cela nous a donné l'occasion de nous arrêter.

 

Voila les souvenirs que j’ai de mon expérience de cette épreuve. »